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Et s’il existait un “bon” pessimisme ?

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Tu allumes une chaîne TV d’infos en continues bien connue et tu découvres l’actualité du jour :
- la guerre en Ukraine : Vladimir Poutine envisage sérieusement l’utilisation de l’arme atomique
- l’inflation : tout augmente sauf les salaires (électricité, gaz, carburant, alimentation, loyers, etc…)
- bientôt l’hiver : les scientifiques envisagent une huitième vague de COVID-19
- dérèglement climatique : le dernier rapport du GIEC est encore plus alarmant que le précédent
- etc…
Bon j’arrête la liste des informations démoralisantes du jour, le but de mon article n’est pas de te faire déprimer… 😭 Bien au contraire…
Même si cette liste d’actualités peut sembler un peu caricaturale, il faut quand même bien reconnaître qu’il n’est pas toujours évident de rester optimiste et confiant en l’avenir dans ce contexte.
Pourtant, depuis la création de ce blog, je prône dans tous mes articles les nombreux avantages à rester optimiste malgré un contexte général « un peu » anxiogène ☹️ (voir « pourquoi un blog sur l’optimisme » ; « l’optimisme c’est bon pour la santé »).
Mais finalement, est-ce un problème de se laisser aller de temps en temps à un peu de pessimisme ?
Doit-on toujours être optimiste en toutes circonstances et face à toutes les situations ?
Peut-on à la fois être pessimiste et optimiste ?
Et s’il existait un “bon” pessimisme ?
C’est ce que nous allons essayer de comprendre dans la suite de cet article…
L’éloge de l’optimisme
Pour commencer, je voulais te raconter une petite anecdote personnelle 😉 :
Dans le cadre de mes activités professionnelles, je participe régulièrement à des jurys ou des comités d’admission de créateurs d’entreprise. Les créateurs viennent nous présenter leurs projets de création d’entreprise pour obtenir des aides ou des subventions.
Régulièrement dans ces comités, nous avons un membre du jury que je qualifierais « d’éternel optimiste 😊». Peu importe le projet, le profil du candidat ou la solidité financière de son prévisionnel, notre « éternel optimiste » ne voit que des aspects positifs, des chances de succès et minimise les risques d’échec.
A première vue, on pourrait penser que cette vision idyllique de la création d’entreprise est merveilleuse et très enviable. Quel bonheur de se lever tous les matins « du pied droit » 😜 et de ne croiser que réussites et succès à tous les coins de rue.

Pourtant, la réalité de l’entreprenariat est malheureusement bien différente. Les échecs sont nombreux et les conséquences financières et personnelles de ces échecs sont parfois dramatiques.
En tant que jury, il est donc de notre devoir d’évaluer, avec le plus d’objectivité possible, la pertinence et la viabilité des projets qui nous sont présentés. Valider un projet de création d’entreprise a des conséquences importantes pour le porteur. Nous ne pouvons pas nous permettre de limiter notre analyse à une vision optimiste de la présentation. Ne voir que le bon côté des choses n’est pas suffisant et peut même s’avérer dangereux pour le créateur…
Mais alors, il y a des moments où on devrait être optimiste et d’autres où il faudrait plutôt faire preuve de pessimisme ?
Si tu as bien lu mes précédents articles, tu sais bien qu’il est préférable de voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide.
Les effets bénéfiques de l’optimisme sont scientifiquement prouvés
- les optimistes sont en meilleure santé
- l’optimisme améliore la qualité du sommeil
- les optimistes ont une vie plus saine
- ils sont plus résilients
- l’optimisme permet de vivre plus longtemps
- il diminue les risques de dépression et de maladies cardio-vasculaires
- etc…
L’explication nous est peut-être alors fournie par Alain Braconnier (« optimiste » 2014) qui identifie quant à lui plusieurs formes d’optimisme :
- l’optimisme situationnel : l’état de bien être que l’on ressent momentanément lorsque l’on reçoit une bonne nouvelle ou une marque de reconnaissance
- l’optimisme béat : voir la vie en « rose » en toutes circonstances (cf notre “éternel optimiste” cité précédemment)
- l’optimisme intelligent : qui consiste à imaginer une issue favorable aux événements tout en restant lucide sur les efforts à fournir.
Alain Braconnier privilégie cette troisième forme d’optimisme. Ce qui nous amène à nous poser les questions suivantes : Une vision optimiste peut-elle contribuer à la lucidité sur les efforts à fournir ? Ou faut-il nécessairement avoir un regard pessimiste sur la situation pour l’appréhender avec le plus d’objectivité ?
Les vertus du pessimisme
Le psychiatre Christophe Fauré (“vivre le deuil au jour le jour”)distingue deux formes de pessimisme : le pessimisme dépressif et le pessimisme actif.
Le pessimisme dépressif : « tout est fichu, je n’y arriverai jamais » 🙍
Le pessimisme actif : « mes chances de réussite sont minces, je vais avoir du mal à inverser la tendance, mais je vais me battre » 💪
Comme pour les chasseurs 😀, il y a aurait donc un bon et un mauvais pessimisme.
Cette vision des choses est confirmée par la psychologue Américaine Julie Norem dans son ouvrage (« The Positive Power of Negative Thinking » : le pouvoir positif des pensées négatives). Elle nous incite à faire le tri entre le bon et le mauvais pessimisme.



Les bénéfices du « bon » pessimisme
Il nous permet d’anticiper les difficultés à venir
Dans son livre « pensée positive 2.0 », Yves-Alexandre Thalmann explique : « Nous n’aimons pas entendre ces voix quand elles rompent la belle harmonie et la douce félicité de nos pensées positives, mais il faut bien reconnaître que cela peut être pour notre bien. A trop écarter, voire rejeter le négatif, on en perd un certain recul et on court le risque de céder à une crédulité dommageable, voire à nous refermer sur nous-même et nous cloîtrer dans notre bulle. Rappelons que l’ouverture du champ attentionnel est un ingrédient essentiel de la pensée positive ».
Il nous encourage à agir
Si je suis capable d’identifier les obstacles et les difficultés que je vais rencontrer sur mon parcours, je vais agir en conséquence. Prenons l’exemple d’un élève de terminale qui va se présenter au baccalauréat. Une vision optimiste de sa réussite ne sera pas suffisante pour lui permettre d’obtenir son diplôme. Il devra dresser un bilan objectif de ses forces et faiblesses pour travailler en conséquence sur les matières qui lui posent le plus de difficultés. Martin Steffens, philosophe et auteur de « la vie en bleu » utilise à ce sujet l’expression suivante : « le pessimiste enfile tous les jours son bleu de travail, contrairement à l’optimiste qui ne fait que porter des lunettes roses ».
Il nous protège des mauvaises surprises
Pour Christophe Fauré, « le pessimisme s’apparente à une protection psychique ». En s’attendant au pire et en anticipant des scénarios difficiles, le pessimiste se protège en cas d’échec. La désillusion sera moins grande puisqu’il avait anticipé les conséquences néfastes de son échec. Au mieux, une réussite serait alors une agréable surprise que la vie lui aurait accordée… 😍
Il préserve les couples
En 2013, Lisa A. Neff et Andrew L. Greers ont mené une étude sur les relations entre comportements optimistes et mariage, intitulé : « Optimistic expectations in early marriage » (les attentes optimistes d’un mariage précoce). Cette étude a alors démontré que l’optimisme est un facteur de vulnérabilité dans les relations conjugales. La vie d’un couple n’est pas un long fleuve tranquille. Le fait d’anticiper les menaces qui pèsent sur son couple (perte de la libido, naissance d’un enfant, changement professionnel, etc…) permet d’y travailler au jour le jour 💕.
Nous l’avons vu, un optimisme béat est à proscrire car il peut masquer la réalité et parfois le danger. A l’inverse, un pessimisme trop présent pousse à l’aigreur, au cynisme et au repli sur soi. Il nous reste donc à trouver le juste équilibre entre l’optimisme qui doit rester notre « moteur principal » et un pessimisme défensif et protecteur.
Philippe Gabilliet (« Eloge de l’optimisme »), nous propose sa solution…
Un optimisme de but et un pessimisme de chemin
Je vous laisse découvrir cette vidéo de Philippe Gabilliet dans laquelle il explique sa vision de l’optimisme et du pessimisme, à ses étudiants.
Encore une vidéo de P. Gabilliet ??? Oui je sais, je suis fan 😍
Tout est dit !!! 😉
Ces postures (optimisme et pessimisme) sont nécessaires et complémentaires, notamment en temps de crise. Le tout est d’avoir une vision optimiste du but à atteindre tout en conservant une vigilance pessimiste quant au chemin à parcourir pour l’atteindre.
Un optimisme de but
Le but à atteindre doit être encouragé par une vision optimiste des choses : « j’ai confiance en moi et en mes compétences pour réussir cet examen »
Un pessimisme de chemin
Le chemin à parcourir pour atteindre mon objectif peut être semé d’obstacles et d’embûches (que je suis en mesure d’identifier avec objectivité), mais je vais mettre en œuvre tous les efforts nécessaires pour les surmonter : « je sais que j’ai des difficultés en mathématiques, mais je vais travailler 2 fois plus dans cette matière pour avoir une note honorable ».
Et toi, comment te considères-tu ? Plutôt Optipessimiste ou Pessimoptimiste ? Je suis impatient de te lire 😍
Finalement je ne suis pas qu’optimiste je suis aussi une pessimiste active. J’aimais bien dire que j’étais réaliste aussi. Il y a des fois par contre que je ne veux pas mettre l’effort et je suis OK avec le status quo ou la défaite on peut pas tout faire.
Merci de ton partage Isabelle 😉
Il me plait bien ce Philippe Gabilliet, je vais m’empresser de lire son bouquin…
Merci pour cet article.
Merci David 😉 Je confirme, son bouquin est excellent !!! En live, lors d’une conférence, ce doit être un grand moment 😉
Ah c’est un angle intéressant ! Je suis en particulier d’accord avec le fait que le pessimisme pousse à agir ! C’est mon pessimisme qui me donne le courage de me bouger les fesses et mon optimisme de profiter de la vie ^^
Parfaitement dit Alexandre 😉
Excellent article !
J’aime beaucoup cette vision du pessimisme !
Cela permet de considérer que nous pouvons avoir des jours “sans” sans forcément baisser les bras !
“Si tu dois tromper, trompe la fatalité” 🙂
Je ne connaissais pas “l’eloge de l’optimisme” mais cet article m’encourage a l’ajouter a ma liste de lecture
Merci pour ce partage !
Merci pour ton retour Jody 😉 Ravi de t’avoir éclairer sur cette vision du pessimisme. Je t’encourage bien évidemment à découvrir l’excellent ouvrage de P. Gabilliet.